Yvan Clédat & Coco Petitpierre
Sylvain Prunenec
Pouf aux sentiments est une rêverie dont les réminiscences nous proviennent d’un monde lointain qui, de Louis XIV à Marie-Antoinette, a témoigné d’un goût certain pour la théâtralité et l’artifice, et qui nourrit aujourd’hui notre imaginaire.
Perruques, blanc de céruse, jardins à la française et Belle Danse sont les ingrédients d’un spectacle permanent où les corps costumés se mettent en scène dans une nature artificielle et géométrisée, se dévoilant au regard comme une succession de théâtres de verdure.
Le roi soleil danse et impose avec passion l’art chorégraphique, et, bien plus tard, Rose Bertin, ministre de la mode, invente pour sa reine de délirantes perruques appelées des poufs : de monumentales pyramides de faux cheveux ornées de rubans, de fleurs, de plumes, de bateaux, d’animaux morts, de portraits et autres bibelots improbables. Certaines ont vocation à commenter l’actualité (comme ce fameux pouf surmonté d’une maquette de voilier pour célébrer la victorieuse frégate Belle poule) d’autres encore sont conçues pour exprimer une humeur du moment : ce sont les poufs aux sentiments.
Sur notre scène : un couple de créatures dont le corps est presque entièrement dévoré par une immense coiffure blanche, nuageuse et sophistiquée, évolue au milieu d’un jardin de buis taillés. Éden reconfiguré par l’art topiaire ou bien jardin d’Alice au pays des merveilles, ce jardin est mouvant, instable, et tout y prend vie. Les buissons se déplacent et se déforment, un buis anthropomorphique s’anime, et même les sentiments semblent se donner à voir : comme de brusques pensées poudreuses, des jets de talc s’échappent sporadiquement du haut des coiffes, et retombant en pluie fine, blanchissent peu à peu le plateau.
Les costumes que nous inventons contraignent et modifient les corps des interprètes. Ils sont toujours les matrices d’un langage chorégraphique spécifique dont nous essayons d’anticiper les contours. Pouf aux sentiments s’inscrit dans ce fonctionnement mais nous souhaitons mixer ce langage encore à découvrir avec celui, connu et largement documenté, de la danse dite « baroque » qui nous semble faire écho à nos préoccupations formelles et chorégraphiques. Parenté amusante, mais non dénuée de sens pour nous, la Belle Danse découlait elle-même de certains empêchements vestimentaires : si les danseurs ne levaient pas les bras, c’est que, faute de stretch, les costumes de cour ne le permettaient pas.
Les principaux éléments scénographiques (cônes, boules et demi-sphère) sont des volumes réalisés sur le principe des arbustes que nous avons créé en 2015 pour le spectacle Bataille : une structure souple est recouverte d’une matière à base de tulle froncé et de feuilles en tissus. L’ensemble est donc léger et adaptable. Nous imaginons ainsi des modes de représentations plus performatifs, dans des musées ou autres lieux sans véritable frontalité.
Yvan Clédat & Coco Petitpierre
Sylvain Prunenec
Pouf aux sentiments est une rêverie dont les réminiscences nous proviennent d’un monde lointain qui, de Louis XIV à Marie-Antoinette, a témoigné d’un goût certain pour la théâtralité et l’artifice, et qui nourrit aujourd’hui notre imaginaire.
Perruques, blanc de céruse, jardins à la française et Belle Danse sont les ingrédients d’un spectacle permanent où les corps costumés se mettent en scène dans une nature artificielle et géométrisée, se dévoilant au regard comme une succession de théâtres de verdure.
Le roi soleil danse et impose avec passion l’art chorégraphique, et, bien plus tard, Rose Bertin, ministre de la mode, invente pour sa reine de délirantes perruques appelées des poufs : de monumentales pyramides de faux cheveux ornées de rubans, de fleurs, de plumes, de bateaux, d’animaux morts, de portraits et autres bibelots improbables. Certaines ont vocation à commenter l’actualité (comme ce fameux pouf surmonté d’une maquette de voilier pour célébrer la victorieuse frégate Belle poule) d’autres encore sont conçues pour exprimer une humeur du moment : ce sont les poufs aux sentiments.
Sur notre scène : un couple de créatures dont le corps est presque entièrement dévoré par une immense coiffure blanche, nuageuse et sophistiquée, évolue au milieu d’un jardin de buis taillés. Éden reconfiguré par l’art topiaire ou bien jardin d’Alice au pays des merveilles, ce jardin est mouvant, instable, et tout y prend vie. Les buissons se déplacent et se déforment, un buis anthropomorphique s’anime, et même les sentiments semblent se donner à voir : comme de brusques pensées poudreuses, des jets de talc s’échappent sporadiquement du haut des coiffes, et retombant en pluie fine, blanchissent peu à peu le plateau.
Les costumes que nous inventons contraignent et modifient les corps des interprètes. Ils sont toujours les matrices d’un langage chorégraphique spécifique dont nous essayons d’anticiper les contours. Pouf aux sentiments s’inscrit dans ce fonctionnement mais nous souhaitons mixer ce langage encore à découvrir avec celui, connu et largement documenté, de la danse dite « baroque » qui nous semble faire écho à nos préoccupations formelles et chorégraphiques. Parenté amusante, mais non dénuée de sens pour nous, la Belle Danse découlait elle-même de certains empêchements vestimentaires : si les danseurs ne levaient pas les bras, c’est que, faute de stretch, les costumes de cour ne le permettaient pas.
Les principaux éléments scénographiques (cônes, boules et demi-sphère) sont des volumes réalisés sur le principe des arbustes que nous avons créé en 2015 pour le spectacle Bataille : une structure souple est recouverte d’une matière à base de tulle froncé et de feuilles en tissus. L’ensemble est donc léger et adaptable. Nous imaginons ainsi des modes de représentations plus performatifs, dans des musées ou autres lieux sans véritable frontalité.