Les merveilles
2021
Conception, chorégraphie, scénographie, costumes
Yvan Clédat & Coco Petitpierre
Avec
Sylvain Prunenec
Sylvain Riéjou
Erwan Ha kyoon Larcher
en alternance avec Max Ricat
Création sonore
Stéphane Veccchione
Création lumières
Yan Godat
Développement des interfaces
Yan Godat et Stéphane Vecchione
Assistante réalisation textile
Anne tesson
Textes : d’après Empédocle, Ovide, Pline l’Ancien, Jean de Mandeville…
Production
Lebeau et associés
Avec le soutien de la Fondation d’entreprise Hermès dans le cadre de son programme New Settings.
Co-production
La Villette, Paris
La Halle aux grains, Scène nationale de Blois
Les Subsistances, Laboratoire de création artistique, Lyon.
Avec le soutien de la DRAC Ile-de-France pour l’aide au projet
Les Blemmyes, les Sciapodes et les Panotii comptent parmi les multiples peuples fantasmagoriques qui hantent l’imaginaire médiéval. Ils sont cités dans l’Histoire naturelle de Pline l’Ancien, sculptés sur le tympan de Vézelay ou encore décrits par Marco Polo dans son Livre des merveilles : une enluminure y représente notamment un Blemmye et un Sciapode dans un paysage verdoyant.
Ces créatures monstrueuses sont pour leur contemporains les fruits d’une «recomposition du grand puzzle de la nature»(1). Elles sont omniprésentes et sont même des rencontres nécessaires à tout récit de voyage lointain (c’est à dire hors de l’Europe et du bassin méditérranéen), et dont il convient de témoigner. On les désigne alors par l’adjectif mirabilis qui signifie «surprenant», «étrange», dont on peut s’émerveiller.
Jacques le Goff nous explique qu’au moyen âge, notre actuelle frontière entre monde réel et monde imaginaire n’est pas de mise. Il existe une autre frontière : celle qui se situe «entre le réel matériel et le réel imaginaire».
Le réel imaginaire! Quel beau concept pour inventer un spectacle! Et comment ne pas noter cette analogie réjouissante avec la création d’un monde sur la scène d’un théâtre, si réel le temps de la représentation?
Après avoir donné vie à de multiples figures (des yétis hirsutes, des santons suisses, des bonhommes de neige, une sculpture d’Alberto Giacometti, une vénus stéatopyge…) nous ne pouvions pas rester indifférents face à ces merveilleuses transformations corporelles.
Ainsi le Panotii a d’immenses oreilles, le Sciapode un unique pied, et le Blemmye -qui est acéphale- porte son visage sur son torse et parfois simultanément dans son dos.
Les récits prêtent à ces métamorphoses des finalités plutôt cocasses: Le Panotii s’envelopperait dans ses oreilles pour dormir tandis que le Sciapode (littéralement «pied d’ombre») utiliserait son trop grand pied comme une ombrelle pour se protéger du soleil.
Après les armures chorégraphiées et les buissons vivants de Bataille (2015), après l’assemblage improbable de formes de vie d’Ermitologie (2017) nous voulons nous intéresser à cette petite tribu aux corporalités perturbées. Et créer sur scène un espace qui, biotope plastique, sculptural et sonore, sera le cadre rêvé et poétique dans lequel se construira notre imaginaire, riche de celui de nos illustres ancêtres médiévaux.